Bien le bonjour à tous, Je vous écris en direct d’un petit salon de thé artisanal nommé Café Nero où je me la joue comme tous ces étudiants en cinéma des années 2010, assise sur ma chaise haute a pianoter sur mon ordinateur, mon cappuccino refroidissant à côté de moi.
Que vous disiez ? la dernière semaine avant le stage fut riche en virements et revirements de situation une fois de plus mais nous avons survécu malgré tout.
Hier, Rémi mon adoré m’a conduit à l’aéroport de Bordeaux, Evidemment le voyant moteur s’est allumé à une heure de la destination, ce fut très rassurant mais nous sommes arrivés et c’est le principal. (Et Rémi a pu rentrer en entier dans notre terroir natal, si vous vous le demandez.)
Comme « on ne sait jamais », nous nous sommes présentés bien longtemps à l’avance à l’aéroport. J’ai bien sur pris conscience sur place que je n’avais pas d’étiquette à mon nom sur mes bagages, ce qui m’a valu un aller-retour au Relay le plus proche, puis que j’avais oublié ma trousse à la maison, ce qui m’a valu un second aller-retour, et enfin que j’avais aussi oublié de prendre un livre dans la valise qui venait de partir à l’enregistrement (vous devinez la suite : un autre aller-retour).
Nous avons ensuite bu un délicieux café proposé par une petite chaine locale et servi par un barista souriant et avenant.
Enfin Nous nous sommes quittés pour plusieurs semaines et ce n’était encore jamais arrivé depuis 10 ans, la séparation fut difficile je vous l’avoue, et je ne vous parle même pas de la séparation avec le Docteur soussou, mon fidèle canidé le matin même.
J’ai enfin attendu l’embarquement en dévorant mon acquisition littéraire, un recueil de deux nouvelles de Camilla Lackberg que je ne peux que vous recommander, facile à lire, assez prenant et que j’ai dévoré en 2h.
Malgré le stress, le retard et la présence de plusieurs de ces créatures qu’on prénomme bébés à bord, le vol fut agréable, j’ai pu voir l’île d’Oléron et l’île de ré de là-haut, où nous étions en vacances pas plus tard que le mois dernier, Je demeurerai toujours émerveillée par le décor une fois que l’on se trouve au-dessus des nuages. Pour ceux qui ne connaissent pas, l’arrivée à l’aéroport de Dublin est magnifique, l’avion se présente à basse altitude au-dessus de l’eau et on voit se dessiner la terre, ses reliefs, ses massifs, ses petites maisons similaires toutes en enfilade. Le tout sur un magnifique coucher de soleil (merci le retard au final).
Je suis sortie avec hâte de cet avion pour prendre le bus qui me mènerait à Dublin (Aircoach, peu onéreux, 8 €, rapide, et qui m’a conduit directement à O’connell Bridge, en plein centre-ville, à deux minutes de l’auberge de jeunesse ou je réside : Ashfield Youth Hostel.) J’ai tenté ma première interaction en anglais avec le vendeur de billets qui a directement décelé à travers mon accent très reconnaissable que j’étais française et qui m’a répondu en Français comme un bon Expatrié qu’il était aussi. Direction Dublin dans les 5 minutes, efficace.
Le logement est onéreux dans ce pays mais contrairement à l’Angleterre ou même la France, les transports sont plutôt abordables, nombreux et efficace, de premier abord.
L’auberge de jeunesse est chaleureuse, elle n’a pas ce côté design et lisse que j’ai pu voir sur certaines sur internet, c’est plutôt simple mais « familial » et bien équipé. Il s’agit d’une chambre de 4 personnes avec 2 lits superposée, flanquée d’une salle de bain privative. Le jeune homme à l’accueil est gentil, il voit que je suis un peu paumée et m’explique tout le fonctionnement. Je monte dans ma chambre et constate que mes colocataires improvisés ne sont pas là, je répartis mes affaires pour le lendemain afin de pouvoir mettre mes 2 lourdes valises en bagagerie et m’engouffre sous une douche bien méritée.
J’avais dit à mon père que j’irai voir un match de rugby dans un pub pour lui et ça tombe bien, ce soir c’est Irlande-Nouvelle Zélande. Croyez-moi, j’ai une famille qui aime le Rugby mais je ne suis jamais vraiment parvenue à m’y intéresser. Regarder un match chez moi pour me détendre ne m’a jamais traversé l’esprit. En même temps je ne pense pas que la détente soit le maitre mot dans ce genre d’expérience, mon père en soit témoin, j’ai passé les 20 ans chez mes parents à l’entendre hurler dans le salon lorsqu’il se passait un fait notable dans un match.
Je flâne dans la rue de Temple Bar à la recherche d’un Pub ou je pourrai me mêler à la liesse générale tout en mangeant un morceau si possible. Peine perdue, tout est bondé. C’est alors que je rebrousse chemin et tombe sur « The Palace Bar ». Un petit Pub de style victorien, magnifique, aux murs flanqués de boiseries et à la décoration rétro. Il y a un peu de monde, tant pis pour le repas mais je n’en peux plus de crapahuter, je commande une pinte, pour le symbole et trouve une petite table face à la TV en arrière-salle. Cette pièce est remplie de monde, majoritairement des personnes dans la cinquantaine vêtue de maillots verts, prêts à en découdre avec la Nouvelle Zélande.
Je rencontre une jeune femme qui doit avoir la vingtaine à la recherche d’une place et l’invite à venir avec moi elle est américaine et vient de Boston 2 semaines pour faire du tourisme, Elle reste à Dublin une semaine puis se dirigera vers Galway, que j’aimerais également désespérément visiter. Nous échangeons, je lui explique que je suis étudiante infirmière venue de France pour effectuer un stage à Kilkenny. Elle me demande si je suis de Paris (Obviously…) et je lui montre où se trouve la Corrèze, ma maison et l’école. Je pense que ça ne lui parle pas trop. Nous nous concentrons sur le match et échangeons de temps à autre. Comme moi, elle vient d’atterrir à Dublin. Elle me dit qu’elle ne comprend pas vraiment les règles mais qu’elle est venue regarder car elle voulait passer une soirée tranquille après beaucoup d’heures de vol, chez elle, il est censé être 2 h du matin. Ce n’est pas l’idée que je me fais d’une soirée tranquille mais bon, j’essaie au fur et à mesure du match de lui expliquer 2-3 choses avec un langage approximatif (comment dire plaquer en anglais ?) et nous passons un bon moment, rythmé par les applaudissements et les cris de rage des Irlandais.
C’est galvanisant, alors que je me tamponnais complètement du Rugby, je me surprends à me transformer supporter. Je râle, je houspille. Je me laisse transporter par l’ambiance globale et j’adore ça. Ca y est, j’y suis, je laisse peu à peu tomber la couche d’angoisse et de tristesse qui s’était formée en quittant la France et mes proches pour apprécier le moment présent.
L’Irlande perd, au grand désespoir de l’assemblée je suis déçue car j’espérais une finale France -Irlande pour aller la voir également dans un pub. Dommage. Je plis bagage, dis au revoir à mon amie d’un soir (dont je n’ai même pas demandé le prénom, nous demeurons 2 inconnues qui se croisèrent un jour et ne se reverront jamais, que c’est beau) et je rentre me coucher parce qu’a un moment on n’est pas là pour enfiler des perles et je dois me lever pour me rendre à Kilkenny demain matin. Il est 22h ressenti minuit, le marchand de sable commence à me saupoudrer l’esprit de poussière magique.
Comme c’est l’été en France depuis 6 mois j’avoue avoir peut etre été un peu optimiste vis-à-vis de la météo, comme le dit l’adage :
« On se gèle les grelots, Bordel il fait plus froid que dans ton frigo » (Fatal, 2006)
Je me pèle littéralement le jonc, pour parler poliment. Je sors mon téléphone, la sentence est irrévocable : 3°C. moi qui m’était habituée à l’été à rallonge Corrézien, je suis transie. Je rentre en quatrième vitesse, appelle Rémi pour lui dire qu’il va peut-être falloir m’envoyer un colis de doudounes dans la semaine prochaine (je vous dis, les valises étaient chargées).
J’arrive dans ma chambre et stupeur : ces gens dorment la lumière allumée, quelle est cette hérésie ? Je murmure un petit « can aïe Switche ze laïght off pliz ? » ce à quoi la dame acquiesce et me voilà partie pour le pays du sommeil.
Bon je vous avoue que passer de la chambre à Bort les orgues qui donne sur le jardin à la chambre partagée à Dublin qui donne sur un axe passant rempli de pubs ça fait une différence malgré les boules quies mais c’etait tout de même sympa et confortable, j’aime bien le bruit de la ville, les voitures, les rires enivrés et même si ça perturbe au début, cela me faire me sentir en sécurité car je sais qu’il y a du monde autour, j’ai toujours eu davantage peur de la solitude que de la foule.
Le matin, je tourne et je vire, il est 7h30, 8h30 heure française, je me lève après une nuit bonne mais entrecoupées de réveils où je ne savais plus où j’étais. Je me prépare rapidement et descend pour aller déjeuner dehors, je traverse la rue que j’ai trouvée au pif hier, qui s’avère être la rue de temple bar et je profite, je suis seule dans les rues, j’ai donc fait mon petit photo reportage qui aurait été impossible la veille au soir vu la foule.
Il est 10h et je quitte Dublin à bord de mon bus à impériale. (12euros pour 2h de trajet à peu près)
J’ai hâte, hâte de voir mon logement, hâte de découvrir mon lieu de stage, hâte de rencontrer Heather qui me loge pour les deux mois.
J’ai aussi peur, peur de ne pas parvenir à me faire comprendre, que les soignants et patients soient surpris que je ne parle pas un Anglais parfait et que je cherche parfois mes mots, peur de ne pas réussir à interrompre mes phrases de mots français.
Le paysage défile et comme prévu c’est très semblable à la France si ce n’est les maisons.
J’ai hâte de savoir dans quel service on va m’envoyer en stage…
Il est 17h et je suis à Kilkenny depuis midi à peu près.
J’ai réussi à me taper ma première honte en sortant du bus, comprenez bien, dans ce genre de bus, la soute se situe en hauteur. Arrivée le moment de sortir mes valises elles étaient parties au fond. Je me tracte alors sur la soute avec ma force légendaire et parviens à m’engouffrer à l’intérieur mais je me retrouvais simplement à pendre nonchalamment le long du véhicule sans arriver à attraper le maudit bagage. C’est alors qu’un gentil monsieur intervint pour me signaler qu’il y avait une porte avec un escalier sur le côté. Sombre histoire, cruel destin.
Me voila partie chez Heather après avoir assuré ma maman que oui, je suis encore vivante.
Heather est adorable, elle m’a emmené faire des courses, montré l’hôpital et m’a fait visiter Kilkenny en voiture. C’est une californienne expatriée depuis longtemps en Irlande. Elle m’héberge ainsi qu’une étudiante en médecine Canadienne que je n’ai pas encore rencontrée. Heather est fleuriste, elle aime décorer et cela se voit (Je l’ai surprise dans le jardin en train de peindre une citrouille en doré, super chouette) la maison est splendide et ma chambre ultra cosy, je ne parle même pas de la salle de bain et de sa GRANDE baignoire, moi qui suis habituée à tremper soit mon cou, soit mes genoux dans ma baignoire sabot. Cet hiver, elle ouvre avec une amie une boutique éphémère pour Noël.
Une fois installée confortablement, je me suis lancée à l’assaut de Kilkenny, la ville est vraiment mignonne et regorge de petites rues pavées agrémentées de boutiques aux façades colorées. On y trouve un grand château dont j’ai fait le tour ainsi que de nombreuses églises que je découvrirai plus tard.
Pour l’heure, je suis rentrée pour vous écrire un peu plus et surtout faire le point sur ce que j’allais dire à la director’s nurse demain. Traduction des UE en anglais, des soins déjà faits, des soins que j’aimerais faire et des lieux de stages déjà faits. Je ne sais pas encore ou je suis assignée, si je serai sur un seul service ou pas, si elle va me demander et j’avoue que je ne sais pas vers quoi me pencher encore si c’est le cas. Du court séjour, c’est sûr, mais je ne sais pas auprès de quel publique. J’ai juste traduit le fait que je voulais me pencher vers des soins que je n’avais pas vraiment eu l’occasion de pratiquer sur mes lieux de stages déjà visités.
En attendant, je vous fais des bises, j'espère pour mes camarades de promo que leurs stages se passeront bien et vous dit à bientôt.
Le member incognito is Julie your formatrice in Corrèze 😃