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Photo du rédacteurfloraescudier

Les ascenseurs émotionnels

Vous connaissez cette sensation d’entre deux ? d’ascenseur émotionnel permanent ? quand vous êtes dans l’attente d’un heureux dénouement et à la fois d’une catastrophe interstellaire ? (Au moins.)

Eh bien, si vous vous lancez dans la formidable expérience de la mobilité internationale, il y a sans doute des chances que ca vous arrive.


Je m’explique : Comme je l’ai déjà conté auparavant, ça ne se fait pas comme ça, c’est un projet demandant de l’investissement et quand je parle d’investissement, j’inclus l’investissement moral surtout.

Au début, en me lançant, je pense avoir sous-estimé la MONTAGNE d’imprévus qui me guetterais et me trainerait au-dessus de la tête comme une fichue épée de Damoclès. Il faut savoir que oui, ce n’est qu’un voyage mais malgré tout l’investissement de Benjam’ (Mon thérapeute si vous vous rappelez bien) je possède toujours actuellement une très légère difficulté à gérer la frustration ou l’échec.

Au début, j’étais dans un monde de joyeux bisounours, de toute façon, il ne fallait pas rêver, la concrétisation de mes rêves ce n’était pas trop mon cheval de bataille (les vilains mensonges qu’on peut se faire à soi-même n’empêche). Je m’évertuais à dire à qui voulais l’entendre « ouais je vais essayer, si je n’essaie pas, je vais regretter, je préfère avoir des remords que des regrets »

De toute façon, il fallait valider mes 2 premières années pour penser à y aller. Et ça ce n’était pas de la tarte. Finalement, ça l’a fait et plus je me sentais capable de faire face, plus la réalité de la chose commençait à poindre.

D’un coup, ça prenait de plus en plus de place, je passais des heures à flâner sur les sites internet divers et variés répondant aux mots clés « Erasmus » « nurse internship » mais ça s’avérait compliqué, c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. En réalité, lorsque vous faites ce genre de recherche vous trouverez soit des propositions de cursus entiers dans des facs à l’étranger ou des stages dans le domaine de l’ingénierie, du marketing ou du graphisme. Bref.

Est donc arrivée la première difficulté : trouver un lieu de stage. Bon sang mais, quel enfer. J’ai écumé tous les fonds de l’internet pour essayer de trouver ne serait-ce qu’une petite place d’étudiante IDE dans un placard à balais. Pendant des jours, je n’ai rien trouvé, le néant. Avec le recul je me dis que peut être j’aurais pu appeler sur place directement. Au culot ça aurait pu passer mais appeler son cadre de service pour un stage déjà prévu est parfois une épreuve en soi alors devoir expliquer ça autrement que dans sa langue natale, je ne vous raconte pas la galère.




Ensuite je me suis aussi intéressée au logement afin de savoir pour combien j’en aurais (Spoiler : bien trop cher). Les colocations sont rarement ouvertes aux personnes de passage pour 2 mois, la plupart des logement « Erasmus » sont, oh surprise, réservés aux étudiants qui ont l’âge approprié pour être encore des étudiants. Enfin, les locations d’airbnb ou les hôtels « au mois » sont effroyablement chers. Fut un moment où j’envisageais carrément de dormir dans une auberge de jeunesse en dortoir mais je pense avec le recul que cela aurait été difficilement compatible avec la rédaction de démarches de soin.





(Une illustration d’un endroit où j’aurais pu espérer séjourner si je n’avais compté que sur moi-même)


Enfin, au cours une intervention d’une ONG au sein de mon IFSI visant à accompagner certains groupes d’élèves à l’étranger pour leur stage du S6, est apparue ma sauveuse dans cette aventure. Catherine, travaillant au sein d’Action dans le Monde (présente dans les liens), allait me trouver stage et logement et c’était une sacrée épine tirée du pied.

Après des mois d’attente pour des réponses négatives d’établissements divers et variés, Kilkenny a dit oui et m’a passé la bague au doigt.


A partir de ce moment là il a fallu remplir des papiers.

BEAUCOUP de papiers.


Outre les justificatifs médicaux habituels, photocopies de carte d’identité… Il a fallu entre autres :


une copie de mon extrait de casier judiciaire vierge traduit par un traducteur assermenté (pour la modique somme de 35 euros) en document non moins vierge mais dont le titre est désormais en anglais.


Un « garda vetting application » document qui est une espèce de bingo du justificatif géant dont voici un extrait :


En gros vous devez arriver à un certain nombre de points en accumulant le plus de preuves administratives possibles.


Il a fallu fournir des documents qui portaient exactement le même nom qu’en France mais qui finalement n’étaient pas les mêmes (???).

Bref, un petit aparté hors des papiers parce que ça devient un peu long et ce n’est pas encore fini.


Le logement: Home sweet home, ce fut laborieux. Un beau matin de juillet, on me contacte pour me dire que mon logement est trouvé. Je suis joie, je suis soulagement, je tape sur internet le nom de cette douce bourgade où je vais poser mes valises quand soudain, cauchemar.


40 minutes de transport, 2 bus par jour uniquement, 3 maisons, une route. PANIQUE.


Alors, comme on a quand même la gentillesse de me chercher mon logement pour moi, je ne dis rien, peut etre que je pourrai posséder une voiture ? peut être que je pourrais faire du stop (Oui j’ai VRAIMENT envie d’y aller). Je fais le tour des Europcar pour consulter les tarifs d’une location de voiture pour 2 mois : ce n’est même pas envisageable, autant prendre la ruine qui me sert d’auto en priant qu’elle survive.


Puis bien sûr, je cède à la panique, après avoir bien mouliné à l’intérieur de ma petite caboche toutes mes pensées les plus angoissantes je pleure comme un bébé toute la nuit. J’envoie à l’organisatrice un message long comme mon bras pour lui dire que c’est mort, je ne peux pas loger dans un hameau si lointain. Elle m’appelle, je réponds la lèvre tremblotante, elle me houspille pendant 5 minutes et dans la foulée me rassure. Ok c’est curieux je vous l’accorde mais ça a marché, je me suis retrouvée toute penaude et ait ravalé mes angoisses. Le problème se règle dans les jours qui suivent et je constate que je me suis comme d’habitude fait une montagne d’un grain de sable.

Mon été passe dans la joie et l’allégresse, je n’ai aucune nouvelle concernant ce projet et l’air de rien, je respire un peu. La rentrée arrive, on se retrouve tous, on est contents. Je suis encore innocente et naïve lorsque débarque dans ma vie :

La police Clearance.


Comment vous expliquer simplement , La Police Clearance est un casier judiciaire mais en Irlandais. Elle atteste que vous n’avez pas commis de crime en Irlande.

Ce qui tombe bien, vu que je n’y suis jamais allé, non ?


Eh bien Détrompez vous ! car me voila partie pour remplir un nouveau formulaire avec une discipline de maitre. Je gratte, j’écris et au moment de trouver l’endroit où l’envoyer je défaille en traduisant approximativement : à déposer au poste de police Irlandais de votre district.

Mon… mon quoi ?

Eh oui, pour avoir un casier Irlandais, il faut etre Irlandais, vivre ou avoir vécu en Irlande, ce qui ne s’appliquait pas à moi étant donné que je n’y avais jamais mis un pied, pourtant, cette étape était OBLIGATOIRE pour que l’hôpital accepte mon stage.


Bon alors là, je vous avoue que j’ai un peu décompensé. Je ne comprenais pas, quelle injuste créature dressait ces embuches sur mon chemin ? qu’avais-je bien pu faire pour mériter tout ça si ce n’est avoir de l’espoir ? Ce n’est pas faute d’avoir essayé en plus, j’ai appelé le poste de police de Kilkenny, demandant avec un accent douteux et hachuré si je pouvais leur envoyer par la poste : que nenni, en main propre uniquement.


J’avoues, je capitule, je dresse pour l’hôpital une déclaration sur l’honneur attestant que je n’ai jamais mis un de mes grands pieds en Irlande puis je prie pour que ça marche.


Retournement de situation surprenant après plusieurs jours de grattage de cerveau, je reçois un mail dans les jours qui suivent comprenant le même formulaire mais à remplir en LIGNE. Je le remplis les yeux fermés (Parce que je vous avoues que j’ai de la pratique à force.) Je renseigne l’intégralité de mes adresses françaises de ma naissance à aujourd’hui, me flagellant mentalement pour avoir eu un gout si prononcé pour les déménagements et renvoie le document.


Je vous épargne le passage sur Vince du service des ressources humaines et notre échange lunaire par la suite sur ce que j’appellerai le formulaire de Schrodinger (que je raconterai peut etre plus tard.) J’espère qu’on va bien se fendre la poire quand on va se rencontrer en vrai, je vous épargne également tous les détails sur le fait que j’ai appelé chaque personne par son prénom dans mes mails et que mes formules de politesse envers des représentants de l’autorité Irlandaise était peut être un peu familières. A potasser.


Tout ça pour dire, ce n’est pas simple, mais, a priori, ça vaut le coup puisqu’enfin, depuis hier, tout est ok et devrait rouler, NORMALEMENT.


N'hésitez pas à me faire un retour en commentaire, est ce que c'est moi qui m'imagine que c'est des montagnes a déplacer ou est-ce que vous auriez vous aussi été complètement perdus? Parfois je me demande si je ne suis pas a moitié folle. Est ce que vous, vous arrivez davantage à laisser couler et surtout COMMENT ? donnez moi vos bons plans pour relativiser dans la vie !

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